Ottawa veut connaître l’opinion des électromobilistes canadiens sur la tarification des bornes de recharge publiques. Avec la popularité grandissante des véhicules électriques, l’option de payer au kilowattheure est-elle plus logique que celle de débourser à la minute ?
Le gouvernement fédéral propose de faire passer la tarification à la minute des bornes de recharge publiques pour véhicules électriques à une tarification en unité d’énergie, comme c’est le cas pour les véhicules à essence (en litres) et l’électricité à domicile (en kWh), pour répondre à l’évolution de la technologie. Depuis l’arrivée des premiers véhicules électriques ou hybrides rechargeables sur le marché, les types de chargeurs intégrés dans les véhicules électriques sont plus nombreux et le temps de recharge a passablement diminué pour la plupart des modèles. On se retrouve donc avec des véhicules qui nécessitent moins de temps que d’autres – plus anciens – pour recharger la batterie. Et comme l’aventure électrique automobile n’en est qu’à ses débuts, Ottawa doit s’assurer que le passage à une tarification au kWh soit équitable pour tous ; les utilisateurs, les opérateurs de bornes et les fabricants des appareils de recharge devront se soumettre à des instruments de mesure standardisés, advenant un règlement en faveur d’une tarification au kWh. Quels seront les coûts pour les utilisateurs ? Le président de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ), Simon-Pierre Rioux, prend une pause avant de répondre. « Dans certains États américains, qui ont fait le changement d’une tarification à la minute à une au kilowattheure, ça coûte vraiment plus cher. » Il utilise l’exemple d’une Nissan Leaf pour illustrer la différence de coût. Au Québec, son propriétaire doit débourser 7 $ pour la recharger à une borne de recharge publique. Dans les États américains concernés, la même opération lui coûtera plutôt 15 $ US (un peu plus de 19 $ canadiens selon le taux d’échange en vigueur au mois d’août 2021). C’est presque trois fois le prix ! M. Rioux précise toutefois que la comparaison avec un État américain n’est probablement pas la meilleure. Il se demande même comment ces tarifs beaucoup plus élevés ont été établis. Il émet l’hypothèse que les opérateurs de bornes de recharge se sont rendu compte que leur plan d’affaires avec la recharge tarifée à la minute n’était pas à point pour faire face aux frais imprévus liés notamment au vandalisme et aux réparations coûteuses des bornes de recharge. « Je suis content qu’il [le gouvernement fédéral] fasse les consultations et du fait qu’il va évaluer la situation et discuter avec les opérateurs. Et je demande qu’il consulte les entreprises de recharge pour savoir quel sera l’impact sur le prix de la recharge. Parce que les consommateurs s’attendent à ce que la recharge soit offerte à un prix inférieur », ajoute-t-il. Des changements à prévoir ? Simon-Pierre Rioux estime que de nouvelles normes standardisées pourraient ajouter des frais pour les propriétaires de bornes publiques, qui les refileraient aux consommateurs. « Le gouvernement va certainement vouloir vérifier ces bornes, simplement pour s’assurer de leur bon fonctionnement, un peu comme le font déjà les entreprises de service de pompes à essence une à deux fois par année », dit-il. Il ne croit toutefois pas que toutes les bornes installées au Canada sont appelées à changer. Selon lui, les bornes régulières de 240 V pourraient conserver le modèle « à la minute », contrairement aux bornes rapides et ultrarapides. Les utilisateurs n’auront pas besoin de changer leurs habitudes de recharge, sauf exception. Par exemple, le propriétaire d’une voiture dotée d’une capacité de recharge maximale de 50 kW qui se stationne à une borne ultrarapide de 350 kW pourrait devoir payer des frais supplémentaires à la tarification courante. C'est qu'une voiture limitée à 50 kW ne se chargera pas plus rapidement sur une borne de 350 kW, mais sa présence pourrait pénaliser les propriétaires de véhicules capables d’accepter plus de kW. Par contre, en hiver, une tarification au kWh serait plus équitable puisque les batteries mettent plus de temps à se recharger en raison du froid. Des effets pervers ? L’électromobiliste qui laisse sa voiture garée pendant des heures devant une borne en se disant que, de toute manière, il paye uniquement pour le nombre de kWh requis pour recharger sa batterie : voilà l’un des effets pervers possibles d’un changement vers la tarification au kWh. Une fois de plus, le président de l’AVEQ rappelle qu’aux États-Unis, dans certaines stations de recharge, l’automobiliste qui abuse en ce sens voit des frais ajoutés à sa facture aussitôt que la recharge est complétée. Le même type de mesure pourrait être appliqué ici. Où donner son avis ? Les consommateurs qui veulent se prononcer sur la proposition fédérale doivent remplir le sondage de Mesures Canada avant le 18 octobre 2021. Leurs commentaires aideront l’organisme gouvernemental à élaborer les nouvelles exigences relatives aux bornes de recharge pour véhicules électriques. Protégez-vous
Contribution: André H. Martel
Commentaires
|
Abonnez-vous à notre infolettre hebdomadaire
Use a valid e-mail address Votre inscription est confirmée.
xhr
100
NOS PARTENAIRES |